Effort de l´être ( Pv Sen )

L'Elfe ne répondit pas. En effet, il regardait par la fenêtre. Le couché de soleil était magnifique dans un ciel de sang difus.
Retrouvant la réalité, les lèvres de Sen s'ouvrirent pour enfin parler après quelques minutes de silence profond :
-Si je puis me permettre, la couleur de cheveux, même si elle change ou est étrange, n'est pas une raison de discrimination. Toute personne le pensant est digne d'être appelé "idiot" ou "étroit d'esprit".
Il s'arrêta et reprit après un sourire :
-Donc, Tyr, savez-vous où vous allez dormir cette nuit ?!
A ces mots, il se leva doucement en reculant sa chaise sans bruit. Il se dirigea ensuite vers la sortie. Il sortit sans bruit, même pas un regard en arrière.

Il s'assit en haut d'une colline où un saule pleureur se dressait fièrement sur lequel il s'adossa face au soleil vermeil.

- Si seulement ces maudites personnes pouvaient comprendre que l'on n'a pas choisi d'être comme on est... Cela devient de plus en plus désespérant au fil du temps...
Le prince Elfe resta allongé, sans bouger, et sans parler pendant un moment certain. Les yeux ouverts sur un monde nocturne, ténébreux, et magnifique. Quelle ambivalence ! Comment cet univers sombre et froid pouvait accueillir autant de lumières ? Les lumières dans l'esprit de Sen était bien entendu les quelques milliers d'étoiles qui germaient peu à peu dans les profondeurs vespérales. Celle-ci reflétaient chaleureusement dans les yeux de l'héritier. Qu'était-ce ? Une illusion ? Un fait ? Une apparition divine ? Un effet d'optique ? Tant de questions et si peu de réponse. Seulement, selon certaines légendes, ce serait des esprits lointains qui chaperonneraient leurs descendants, ou des esprits divins, ou encore, l'incarnations d'Eméra et Thanatos ! Même certains scientifiques avaient l'audace de proposer qu'elles puissent être des planètes, comme la terre, ou un soleil, reflet du phébus flamboyant que l'on cotoyait tous les jours; seulement ils furent exécutés pour blasphème... et selon d'autres ce ne serait qu'un phénomène d'illusion, ou les portes d'un paradis perdu, loin, si loin, et si inaccessible.
Mais quand même, des gens tués pour un théorie ... Quelle respect de l'individu ! Quel roi pouvait laissé exécuter un homme qui proposerait une théorie au nom de la religion tresaïenne ? Quel tyran pouvait faire autant d'horreur au nom d'un prétendu intérêt commun ? Quel despote pouvait faire raser des villes entières à cause d'une rumeur de rébellion ?Sen pensa alors à Kalos, cette ville anéantie par Umak seul, avec tant d'innocent, tant de famille, et tant d'être humain. La réponse vint ensuite comme un éclair dans l'esprit de l'homme allongé au pied de l'arbre. La réponse à ses questions n'avait qu'un nom : Umak. Umak ? Oui. Un frère qui ne méritait certes pas ce rang, mais qui l'était pourtant, en plus d'être un souverain oppresseur et tyrannique. Un frère ... peut-être plus... de toute façon Sen s'était tellement posé la question que maintenant cela lui revenait à faire tourner ses pensées en rond.
Toutes ces pensées... futiles. Vaines. Inanes. Inutiles quoi !
Voilà les pensées de Sen, il réfléchissait peut-être beaucoup trop... Son esprit se reporta sur le ciel, et sur la présence de Tyr. En effet l'étranger était monté dans l'arbre d'un bond souple depuis un moment, et l'Elfe n'avait même pas répondu à ce qu'il avait dit bien qu'il l'avait vaguement entendu.
-Chacun est comme il est. Fort, ou faible. Beau ou laid. D'un rang digne, ou pas. On ne peut pas choisir. Je suis très mal placé pour dire cela, mais je ne le pense pas moins. Je suis Prince, frère et héritier légitime d'Umak Legildor, un tyran sanguinaire. Je pourrais être riche et avoir ce que je veux. Or cela ne m'intéresse pas. Le pouvoir ne m'intéresse pas non plus, pourtant combien de personne aimerait être à ma place ? Mais peu importe. Nous devons survivre dans ce monde qui n'a pas tant de sens que ça, hormis les sentiments que l'on ressent. L'Amour, la Haine... Le monde est ainsi.
Il se tut de nouveau, soupira légèrement. Soudain il prit conscience du froid et la noirceur des alentours, qui lui firent pensé à Umak, possesseur d'un pouvoir magique lié aux ténèbres... Il crispa sa mâchoire, et serra les poings. Décidément les actes du roi commençait à l'échauffer ! Mais il ne pouvait rien y faire...
Un frisson le parcourut. Un symbole et une materialisation de son impuissance ? Il soupira de nouveau.
-Nous devrions peut-être nous mettre au chaud, il fait froid, et ça ne m'étonnerait pas qu'il neige cette nuit...
Il commença à réfléchir, où pouvait-il faire dormir Tyr ? Pas au château en tout cas. Chez Shuy ? Peut-être... cela faisait tant de temps qu'il ne l'avait pas vu...